Voici la fabuleuse histoire d’un goéland qui, remplit d’ambition, décide de voler de ses propres ailes pour faire de son rêve une réalité. Georges Pessey, fondateur de la marque Jonathan & Fletcher nous a ouvert son livre pour raconter cette histoire.
Georges, merci de nous recevoir chez toi dans ton « Fief » comme tu dis, pour nous parler de ton histoire. Alors pour commencer, quelle est l’histoire de ce Goéland?
L’histoire de ce Goéland, c’est un peu la mienne. Lorsque j’étais plus jeune, j’ai découvert ce Film de Hall Bartlett adapté du roman de Richard Bach « Jonathan Livingston le goéland » et il a bouleversé ma vie, à tel point que quelques années plus tard, la société que j’ai créée en 1984 porte les noms de ses personnages principaux.
Chapitre 1 : Un avenir déjà tracé
Je suis né à La Clusaz, fils aîné de sept enfants, mes parents étaient agriculteurs. À cette époque-là, avec un nom comme Pessey mon avenir était déjà cousu d’avance, devenir agriculteur, artisan ou bien moniteur. Mais j’avais d’autres projets en tête, comme devenir architecte. J’ai toujours aimé dessiner, créer, cultiver mon imagination. Les études étant trop longues pour devenir architecte, j’ai finalement appris le métier de serrurier. Très vite, j’ai commencé à travailler dans l’entreprise locale Pollet-Villard où je posais des garde-corps très linéaires sur des balcons, ou bien des tavaillons sur les toits de la vallée. L’hiver, j’enseignais le ski de fond aux Confins, ce qui m’avait permis de rencontrer beaucoup de personnes ; notamment des Américains venant passer quelques jours de vacances à La Clusaz. J’étais tellement curieux de découvrir comment était la vie là-bas, qu’un beau jour, j’ai décidé de tout plaquer pour partir vivre le « rêve Américain »
Chapitre 2 : L’envol Américain
J’avais 20 ans, j’ignorais ce que j’allais découvrir, ou faire là-bas. J’ai acheté un billet open, qui à l’époque m’avait couté 500 francs, pour aller jusqu’à Los Angeles. Puis, je suis parti avec mon baluchon retrouver un ami que j’avais rencontré à La Clusaz, et qui vivait à San Diego en Californie du Sud. L’hiver arrivant, j’ai décidé d’aller à Squaw Valley, une station de ski en Californie, pour trouver un boulot. Je me suis pointé à l’école de ski sans le diplôme de moniteur de ski Alpin. Au culot, j’ai passé les tests que j’ai eu sans problème. Mais parlant très mal anglais, j’ai dû négocier avec le directeur, hésitant à m’embaucher, en affirmant que dans un mois, je parlerais anglais. À cette époque aux États-Unis, la seule possibilité de vivre et travailler là-bas, c’était de détenir la carte verte. Mais pour obtenir cette carte, il fallait se marier. Déterminé à continuer de vivre ce rêve, j’ai passé une annonce indiquant que j’étais bon à marier. Un jour, une monitrice de ski avec qui je travaillais et qui elle aussi, avait envie de voyager, a répondu à mon annonce. Je lui ai proposé un mariage arrangé en échange d’un billet d’avion et d’un logement pour La Clusaz. Elle accepta. Mon trip Américain lancé et ma carte verte en poche, je suis retourné à La Clusaz voir ma famille, prendre des nouvelles et annoncer que je restais vivre làbas. 2 ans plus tard, avec mon associé avec qui j’avais acheté un surf shop, on a décidé de revendre le magasin pour partir s’installer en Australie à Perth, une ville pleine d’avenir.
Chapitre 3 : Retour aux sources
Avant de m’installer en Australie, j’ai fait une halte à La Clusaz. C’est là que j’ai rencontré Gisèle, ma femme qui est devenue la mère de mes deux enfants, Jonathan et Gregory. Cette merveilleuse rencontre m’a donc fait prendre un nouveau virage dans mon aventure. J’ai pris la décision de rester et de m’installer ici, à La Clusaz. Fort de mon expérience acquise en Californie, j’ai essayé d’importer une marque de veste de ski des États-Unis qui s’appelait Snow. Bien que n’y connaissant rien au monde du textile, j’ai récupéré des échantillons et j’ai commencé à démarcher des magasins de sports pour présenter la collection. Cet univers m’a beaucoup plus, je suis donc parti à Taïwan pour rencontrer les usines de production pour comprendre comment l’on produisait des vêtements.
Chapitre 4 : La rencontre
C’est à ce moment-là que j’ai commencé à dessiner mes propres collections avec comme subtilité d’assembler différents matériaux sur une même pièce. Un jour, un ami m’a dit : « Pourquoi tu t’emmerdes à vouloir produire tes créations, tu es créatif et talentueux, tu devrais aller voir les marques pour leur vendre tes créations ? ». Mon premier client a été la Marque K-way. Je devais dessiner la collection pour l’équipe de France de ski. Puis, j’ai commencé à enchaîner les missions comme freelance pour des marques comme Fusalp. C’est là-bas que j’ai rencontré Alain Marchand qui était modéliste en freelance comme moi chez eux. Nous étions complémentaires, j’imaginais des collections, lui leur donnait vie.
Chapitre 5 : Jonathan Levingstone & Fletcher Lynd
En 1984, nous avons décidé de créer Jonathan et Fletcher. Un bureau d’études au service des marques pour créer des collections réalisables. Cette collaboration avec Alain était très productive. De plus en plus de grandes marques comme Millet, Adidas, Salomon, Patagonia nous confiaient la création de leurs collections. En 1988, Alain souhaitait faire autre chose, j’ai donc repris seul la tête de l’entreprise que j’ai depuis transmise à mes fils Jonathan et Gregory Pessey. Depuis, nous créons des vêtements techniques sur-mesure pour des professionnels et pour la compétition.
Chapitre 6 : Les dents de la neige
J’avais dessiné une pièce assez originale qu’on a voulu produire avec des chutes de tissu qui nous restaient sous la main. La veste produite, je l’ai prêtée à Christian Haase, un ami photographe, pour prendre
des photos qu’il devait faire avec Cathy Breton, la première femme à dépasser les 200 km/h en KL. L’une de ces photos fut publiée en une du célébrissime magazine « La Neige » et le buzz fut créé. Nous avons reçu énormément de demandes de personnes souhaitant acheter cette veste. Devant ce succès, nous avons lancé la production en édition limitée, avec seulement 100 exemplaires. Les numéros allant de 1 à 100 les gens s’empressaient de réserver leur numéro favori…